lundi 2 décembre 2013

Axe 2 : Les féminismes en action : modalités et stratégies de militantisme


Le deuxième axe du colloque envisagera le renouveau des pratiques militantes et des répertoires d’engagement qui font l’originalité des féminismes de la troisième vague. A partir des théories développées par la sociologie de l’engagement et les sciences politiques, nous nous demanderons en quoi consiste ce renouveau de l’engagement ? Quel est le profil des militantes qui s’engagent dans le féminisme à l’heure actuelle ? Comment se pose la question nouvelle de l’engagement des hommes aux côtés des militantes féministes ? Dans quelle mesure cet engagement masculin questionne-t-il le principe de la non-mixité cher au féminisme de la deuxième vague et apporte-t-il un éclairage nouveau sur la construction des masculinités ? 

Nous serons également sensibles, sous l’impulsion de la crise économique et de la crise de la représentation politique, au renouveau de la « culture de la contestation[1] » qui se traduit par une internationalisation des stratégies de l’activisme féministe radical, par la consolidation de réseaux de solidarité féminins et de "jeunes" collectifs qui revendiquent, dans des registres différents, un « féminisme de la rue », transgressif, subversif, ludique ou décalé dans le but de marquer une césure forte avec le féminisme institutionnel, onusien ou académique. 

S’il est toujours d’actualité de descendre dans la rue et de manifester sous les formes les plus classiques, les collectifs qui composent la troisième vague semblent soucieux d’inventer de nouvelle forme de militantisme. Nous examinerons en ce sens les répertoires d’action de ces « nouveaux féminismes ». En quoi ces collectifs des années 2000 se démarquent-ils des collectifs plus anciens ? Peut-on identifier des points de convergence entre les pratiques militantes actuelles et celles des vagues précédentes ? En ce sens, le colloque entend faire une place de choix aux nouveaux outils du militantisme. Depuis l’avènement de la révolution technologique des années 1990, Internet est devenu un instrument à part entière du militantisme contemporain. Peu de collectifs peuvent faire l’économie, dans leurs pratiques militantes, de la « puissance décuplante[2] » et réticulaire d’Internet. Dans ce contexte, nous examinerons comment les féministes du XXIe siècle se sont emparées des ressorts qu’offrent les technologies informationnelles, ainsi que le cyberféminisme transnational comme un nouvel instrument de lutte féministe. Les réflexions autour de l’usage militant d’Internet seront les bienvenues, notamment à travers l’essor du militantisme "digital" : réseaux sociaux (Facebook, Twitter, etc.), plateformes féministes en ligne, blogs. Ces nouveaux médiums ne seraient-il pas en train d’agir comme des espaces de libération de la parole entre femmes (réactivant ainsi une forme de sororité ?) en permettant d’articuler les dimensions publique et privée, l’expérience collective et individuelle, et de donner corps à de nouvelles identités ?



[1] Sommier I., Le renouveau des mouvements contestataires à l’heure de la mondialisation, Paris, Flammarion, 2003, p. 24.
[2] Ibid., p. 201.

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